A l’occasion du Grand Live du Voyages d’Affaires, organisé jeudi 21 janvier par CDS Groupe et IFTM Top Resa, Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF a pu passer des messages aux acheteurs, travel mangers et TMC. Face aux obstacles – concurrence, télétravail, Omicron – le transporteur se retrousse les manches pour séduire les voyageurs d’affaires afin de retrouver d’ici des niveaux de fréquentation de 2019.
Jean-Pierre Farandou, président de la SNCF, reconnait qu’il faudra attendre fin 2023 pour retrouver dans les trains SNCF les mêmes volumes de voyageurs d’affaires pré-pandémie et cela ne se fera pas en claquant des doigts : “On va déjà y arriver avec une logique de remise qui passera par des contrat”, souligne le patron qui s’adressait pour la première fois au secteur du voyageur d’affaires.
“C’est une bonne nouvelle pour les entreprises. Avec les grands comptes, un millier pour la SNCF, c’est quasiment de la discussion individuelle. On a vraiment envie de reconquérir la clientèle affaires”.
En 2021, la baisse sur ce segment était de 25%, l’objectif est de la ramener à 10% fin 2022. Il faudra relever de nombreux défis.
L’essor de la visio-conférence et du télétravail est évidemment une “crainte”, que le responsable relativise néanmoins : “Beaucoup de personnes ont déménagé loin de leur lieu de travail mais ont besoin de retourner au bureau. Elle feront moins de voyages mais de plus longue durée. Ce mouvement du télétravail n’est pas forcément négatif”.
“Notre concurrent principal ? C’est la voiture”
L’arrivée de la concurrence, “bonne pour le consommateur”, en particulier celle de Trenitalia sur l’axe Paris-Lyon, est une autre épine dans le pied pour SNCF Voyageurs. Mais, plutôt que faire mal, elle devrait stimuler le transporteur “capable d’améliorer son service pro sur du Paris-Lyon”. Jean-Pierre Farandou rappelle le gros avantage de la SNCF pour la clientèle affaires : “Nous proposons 22 aller-retours par jours, c’est deux pour notre concurrent”.
Il ajoute : “Le concurrent principal, ce n’est pas l’avion ou Trenitalia, c’est la voiture. 85% des déplacements se font par ce moyen de transport. Avec 10 points de moins, le trafic en train doublerait”. Comment faire avec un moyen de transport aussi souple que la voiture ?
“Il faut travailler les “Trains plus”, “Train plus location de voiture”, “Train plus vélo”, “Train plus covoiturage”. Nous devons proposer du porte à porte. C’est quelque chose que l’on peut construire avec les acteurs du voyage d’affaires et c’est aussi l’esprit de l’application SNCF Connet qui sort fin janvier. Rendre le voyage plus fluide est un sujet central”.
Omicron empoisonne toujours la vie du transporteur
Jean-Pierre Farandou insiste encore et toujours sur l’empreinte carbone que les entreprises devront de plus en plus intégrer dans leur politique voyage : “Le choix du train, c’est concilier mobilité et protection de la planète.
Un billet TGV, c’est 50 fois moins de pollution qu’un déplacement en voiture et 80 fois moins qu’un voyage en avion. Si elle fait attention à son bilan énergétique, l’entreprise sera amenée à conseiller ses voyageurs à prendre le train. Nous pouvons d’ailleurs calculer son bilan carbone et ‘économie réalisée par rapport à d’autres transporteurs”.
Pour l’instant, Omicron empoisonne toujours la vie du transporteur : “Entre l’absentéisme des salariés qui s’est accru de quelques points et la baisse du trafic qui est de l’ordre de 30%, on doit s’adapter et on fait front. L’ offre TGV a été réduite de 10% et c’est 20% pour les Intercités, à l’exception des trains de nuit conservés”.
Frustrant. Avant l’arrivée du nouveau variant, et un premier semestre difficile marqué par des confinements au printemps et couvre-feux, la SNCF, comme toute entreprises de tourisme, se félicitait d’un rebond au second semestre, “la clientèle loisirs était revenue très fort, au niveau de 2019. C’était 65% pour la clientèle “affaires”.
Omicron a donc fait l’effet d’une douche glacée et la SNCF affichera encore une perte en 2021, “mais moins importante que l’année dernière”.